». Hicks and «. Hansen, Quelques années plus tard, pour faire passer les notions de la Théorie générale à ses étudiants, Hicks développe les fameux modèles IS-LM. Hansen, quelques années plus tard, affinera la pédagogie sur les modèles. Spontanément, ces modèles qui ne sont qu'un cadre d'interprétation pour un enseignement particulier d'une macro, issue d'une théorie qui n'appartient qu'à Keynes à l'époque, ces modèles IS-LM donc, deviennent très vite la norme de l'enseignement en économie jusqu'à ce que et les enseignants et les étudiants croient que c'est la vérité de l'économie. Comment est-on passé de cette traduction d'un élément pédagogique à « c'est la vérité » ? Ce n'est pas que mon observation. Pour en avoir parlé avec David Hendry, qui me parlait justement de ces problèmes de l'économétrie, et qui pour finir me donne comme exemple « les modèles IS-LM, économistes -les « bons » économistes étaient forcément ceux qui faisaient des maths et de l'économétrie -à la situation actuelle où cette économétrie dynamique est partie vers les mathématiques ? Et pour tout critère scientifique dans les publications en économétrie on va simplement regarder si le coefficient de corrélation est significatif ou pas

, Cela a été très bien décrit par Gingras, spécialiste de scientométrie. Il l'a vraiment mesuré empiriquement. Et a fortiori dans l'enseignement : même s'il y a des enseignements de modèles dynamiques, on ne va pas jusqu'à trop de théorie du chaos, les fractals? Il y a eu des tentatives : j'ai eu comme professeur Gilbert Abraham-Frois à Nanterre qui nous faisait des trucs un peu non linéaires, mais c'était vraiment à la fin quand on avait fait IS-LM et tous les trucs de base. Il faut expliquer le processus de sélection qui aboutit à la réduction de la diversité en permanence. J'ai en tête des modèles biologiques : on part de quelque chose de foisonnant qui est les innovations mathématiques appliquées aux sciences humaines et sociales (à peu près toutes les mathématiques peuvent être utilisées, potentiellement). C'est un domaine où il y a beaucoup de tentatives. Et c'est vrai qu'on est resté dans un cadre très conforme qui n'a pas du tout bougé, une forme de la statistique mathématique et de l'économétrie réduites à la régression et ses variantes, et à ce qu'on a appelé avec mon maître Henry Rouanet la « fit & test practice », c'est-à-dire une certaine conception de l'inférence statistique assez limitée (qui ne va très loin, on ne se pose pas trop de questions) et qui permet d'établir des routines. Ce que je vois c'est le côté pratique et organisationnel de la chose. C'est du Popper d'ailleurs « l'autre [s'agissant de Hayek avec qui il partage le prix cette année-là] n'aurait pas mérité de l'avoir ». Hayek a démoli Gunnar Myrdal en conséquence. Dans la préhistoire du Nobel, en 1974, c'est la trace de tensions parmi les potentiels lauréats, et je pense que cela existe toujours. Ce que j'ai repéré comme grande division c'est la division 'côte Est (néokeynésiens à tendance assez critique depuis la crise) / Chicago (qui restent très présents dans les nobélisés)'. Même si Tirole est passé par le MIT, Contrairement à l'image qu'on pourrait avoir, ce n'est pas aléatoire, mais ce n'est pas non plus la totalité. Il y a un processus de sélection et d'élimination d'un certain nombre de choses. C'est bien décrit dans le cas de ce que des auteurs ont nommé « l'éconophysique » (voir un travail de Gingras) : ce sont des modèles de type dynamique non linéaire, très sophistiqués au niveau mathématique, qui n'ont pas réussi du tout à percer en économie, pas du tout dans les revues. Ils ont été refoulés dans les revues de physique

, Il est allé aux États-Unis. Les cours de Allais l'ont beaucoup aidé en lui permettant de structurer sa pensée, même si c'est à la Cowles Commission qu'il aura le plus appris : la vraie économie, moderne, formalisée, etc. Il avait un rapport assez modeste et assez pluraliste aussi aux différents types de savoir. Il était évidemment critique sur les marxistes, mais il les laissait vivre à l'INSEE (ce qui n'est pas du tout dans la tendance aujourd'hui

, Il faut différencier les habitus, entrer dans les analyses de trajectoire un peu fines (ce que j'ai fait dans ma thèse, que j'ai continué avec les banquiers centraux). C'est difficile parce que l'idéal est d'avoir des entretiens, observer les gens, être capable de sociologiser leur parcours. Je n'ai pas pu le faire pour l'instant sur le cas Tirole : j'ai pas mal d'éléments mais pas suffisamment pour comprendre cet ethos très particulier et cette hexis corporelle

B. Stiglitz and E. Mondiale, international -et des économistes plus sectoriels qui vont intervenir sur des missions plus de conseil, en politique du transport, sur la création du métro de Lyon (voir la thèse de Harold Mazoyer) : le rôle des économistes du transport a été très important. Mais ce sont des économistes appliqués lyonnais ; au début ils étaient néo-classiques mais ils faisaient de l'empirie. Cette contrainte de l'empirie est devenue très forte et amoindrit le comportement qui consiste à faire des modèles juste pour publier. Pour publier, il faut des données. Mazoyer avait observé auprès des économistes du transport qu'il s'agissait plutôt de locaux mais qui avaient une insertion internationale, des réseaux, un capital et des relations politiques, mais qui n'avaient pas du tout la visibilité d'un Malinvaud. C'est pourquoi on a eu tendance à réduire les économistes d'État à Malinvaud, mais ce n'est pas du tout représentatif, parce qu'il y a des échelles de l'action publique et que les économistes sont présents à tous les niveaux. Ensuite dans les années 1970, Mazoyer raconte qu'après 1968 il y a un basculement très lié à l'évolution au ministère des transports : à côté des gens du corps des Ponts (il y a déjà parmi eux des déviants, des hétérodoxes : Lipietz?) il y avait des chargés de mission des écoles de commerce ayant fait de l'économie ou de la sociologie, qui vont renouveler l'approche dans une perspective multicritère, tournée vers l'environnement, moins dans l'optimisation et le calcul économique