Chapitre 5 - Trajectoires de diversification des activités socio-économiques - Université de Perpignan Via Domitia Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2007

Chapitre 5 - Trajectoires de diversification des activités socio-économiques

Résumé

Trajectoires de diversification des activités socio-économiques Les évolutions sociales et démographiques des campagnes centre-européennes sont en grande partie le reflet de la situation de crise économique provoquée par le changement de système au début des années 1990. Au lendemain de la destitution des régimes communistes, les gouvernements portés au pouvoir par les premières élections libres ont opéré des choix économiques radicaux et ont engagé une politique de transition vers l'économie de marché, qui n'a pas été, sur le principe, remise en cause par l'alternance électorale et le retour ponctuel des néo-communistes aux affaires. Le discrédit du régime socialiste et les bouleversements géopolitiques internationaux ont engagé un processus dont aucun responsable politique en fonction n'envisage la réversibilité, tandis que le projet d'adhésion à l'Union européenne a ouvert des perspectives d'amélioration de la situation économique qu'aucun gouvernement ne souhaite hypothéquer. Néanmoins, les changements conjoncturels et structurels radicaux, introduits par les options économiques de la « thérapie de choc » et plus globalement par les politiques de privatisation, ont confronté les espaces ruraux à une situation de crise grave. La dénatalité, mais plus encore la croissance de la mobilité des populations rurales expriment l'ampleur de la déprise des activités économiques. Cette émigration est d'autant plus spectaculaire qu'elle affecte des régions rurales où les densités avaient été maintenues par les formes de l'organisation du travail agricole dans les structures d'exploitation collectives, ainsi que par certains choix d'implantation industrielle du régime socialiste. Le départ des forces vives accuse même les phénomènes de déprise, sans contribuer à l'abaissement des taux de chômage. En 15 ans cependant, la nouvelle logique économique a contraint les économies et les sociétés locales à des adaptations structurelles qui, à l'échelle régionale, ont dessiné des trajectoires différenciées. En 1990, la situation de départ est a priori homogène : l'économie rurale dépend presque exclusivement de l'activité de production agricole conduite dans le cadre de structures d'exploitation de grande taille, qui monopolisent en outre les tâches de gestion locale et surtout concentrent ou contrôlent les services rendus aux populations (cantines, garderies, magasins d'alimentation, ateliers de réparation de matériel, etc.). Les combinats industriels puisent dans le réservoir de main d'oeuvre rurale et ajustent par la pratique du double-emploi, la distribution du travail dans les régions où la collectivisation a été partielle ou abandonnée et où les structures d'exploitation agricole sont restées en partie familiales. Depuis 1990, les modalités de la transformation post-socialiste semblent conduire à la formation d'une véritable mosaïque territoriale. Le changement de système pèse nécessairement sur les formes d'adaptation des économies rurales, mais sans les déterminer a priori ou en fonction d'un processus univoque. Beaucoup plus rapidement que ne laissait supposer au départ l'inertie du système socialiste, la transformation structurelle a retourné les logiques de gestion des espaces ruraux, mais en accentuant les disparités territoriales à l'échelle régionale comme à l'échelle locale, et en différenciant les trajectoires d'adaptation socio-économique. Ces dernières dépendent ainsi d'un faisceau d'au moins trois facteurs qui conjuguent leurs effets sur le processus de restructuration territoriale maintenant en cours depuis un peu plus de 15 ans. Le premier renvoie aux modèles de référence, c'est-à-dire aux politiques d'aménagement du territoire et aux programmes de développement local qui, dans le cadre de l'élargissement de l'Union européenne et de la diffusion des politiques communautaires, ont engagé un mouvement réel de convergence des objectifs de l'action publique et des dispositifs mis en oeuvre. Le niveau d'intervention des acteurs socio-économiques joue en second lieu un rôle déterminant sur les trajectoires locales, car il met à l'épreuve les choix politiques effectués pour la redistribution des prérogatives et des compétences de gestion dans les espaces ruraux. Enfin, on ne peut comprendre la nature des changements en cours sans prendre en compte les effets du contexte local. Les modèles de référence incitent à la diversification des activités économiques comme voie de sortie de la crise. Mais ils confrontent les territoires locaux à un changement profond de leurs fonctions spatiales, qui suppose la mobilisation d'un groupe d'acteurs dans l'identification et la valorisation économique de ressources nouvelles. La structuration-ou devrait-on dire la déstructuration ?-des sociétés locales ne facilite pas partout l'éclosion de ces initiatives endogènes suscitées par l'intervention exogène de l'action publique, sans compter que certaines aménités rurales ont une faible attractivité et restent difficiles à valoriser. [...]

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Identifiants

  • HAL Id : hal-02455412 , version 1

Citer

Guillaume Lacquement. Chapitre 5 - Trajectoires de diversification des activités socio-économiques. Marie-Claude Maurel; Guillaume Lacquement. Agriculture et ruralité en Europe centrale, aux lieux d'être, p. 101-113, 2007. ⟨hal-02455412⟩
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