, ses tentations sensuelles mais aussi sa nostalgie d'un regard idéal désormais inaccessible parce que sont perdues les illusions de l'ère romantique. Voilà qui nous rappelle opportunément que Flaubert, plus jeune que les autres écrivains dont il est ici question

, avec Stendhal : c'est le mot « odeur » qui est utilisé sans détours chez cet auteur si subtil et si raffiné, ce qui n'est évidemment pas indifférent. Il faut dire qu'il est assez rare que le monde sensible s'impose dans ses récits de voyages tout remplis de souvenirs historiques, de contemplation d'oeuvres d'art, de rêveries sur des mondes disparus, Stendhal Je termine ce tour d'horizon de quelques-uns des plus fameux voyageurs littéraires de la première moitié du XIX e siècle

. Rome, qui décrit sur des centaines de pages la Rome antique et celle de la Renaissance : Fort mécontents du café Ruspoli, nous sommes entrés vis-à-vis, dans l'église de San Lorenzo in Lucina, où l'on voit un beau crucifix attribué au Guide, Là furent déposés les restes du Poussin. M. le vicomte de Chateaubriand va lui faire élever un tombeau. Nous avons été chassés de cette église paroissiale par une mauvaise odeur bien prononcée, pp.137-138

, Ces corps sont enterrés dans une petite cour intérieure de l'église, et il fait aujourd'hui un vent de sirocco très chaud et très humide. Cette idée, à tort ou à raison, augmente le dégoût que me cause la mauvaise odeur des rues et le gouvernement de ce pays

, Se mêlent ainsi à l'occasion l'émerveillement et le trivial, comme lorsque Stendhal reconnaît avoir été longtemps « injuste » envers la rue du Corso à Rome, « « peut-être la plus belle de l'univers », à cause de l'« odeur de choux pourris et les haillons aperçus dans les appartements par les fenêtres, p.138

, Ce n'est ainsi jamais avec bonheur que la perception sensorielle s'impose au voyageur

, Tous ces voyageurs se retrouvent devant les mêmes objets, ils voient tous littéralement la même chose, mais ils ne hument pas le monde de la même manière : si le fumet du lieu arrive sans avertissement et sans qu'il soit possible de s'en prémunir, le plaisir de sentir, à tous les sens du terme est ce qui définit le voyageur ; qu'il accepte ou non d'ouvrir ses sens, et celui de l'odorat est le plus vulnérable sans doute

G. Flaubert, Voyage en Orient, édition de Claudine Gothot-Mersch, 2006.

V. Hugo, L. Rhin, F. Paris, «. Bourin, . Le-voyage et al., Gérard de Nerval, Voyage en Orient, édition de Jean Guillaume et Claude Pichois, 1998.

P. Stendhal, É. Dans-rome, D. De-victor, . Litto, . Paris et al., , 1973.