« odeur du sang […], parfum des saintes» : le voyage sensible au XIXe siècle - Université de Perpignan Via Domitia Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Réflexion(s) Année : 2016

« odeur du sang […], parfum des saintes» : le voyage sensible au XIXe siècle

Résumé

Communication de Nathalie Solomon lors de la journée d'étude du 12 mars 2016 organisée par Mireille Courrént sur le thème « Odeurs et Parfums »: https://reflexions.univ-perp.fr/index.php/odeurs-et-parfums « odeur du sang […], parfum des saintes 1 » : le voyage sensible au XIX e siècle Nathalie Solomon L'engagement du corps et de l'esprit dans l'espace exotique est essentiel dans le rapport au réel, qui ne passe pas que par le regard, parce que le voyage n'est jamais seulement le catalogue des merveilles qu'on peut contempler. D'où l'importance de la prise en compte de tous les sens dans la perception des lieux. La sensation n'est pas, dans le récit de voyage, le simple envers de l'observation, elle n'est pas non plus qualitativement à ranger dans un ordre complètement différent. La mise en scène du corps du voyageur, les sensations qui filtrent le réel, les effets optiques, définissent-et délimitent-non seulement la position de celui qui regarde, mais aussi son état d'esprit. Dans cette logique, l'odorat est peut-être le sens le mieux à même de transporter littéralement le lecteur dans les pays exotiques. Si le voyage de l'époque romantique est d'abord une « impression » de voyage, cela tient à ce que le regard n'est pas celui d'un simple témoin : le voyageur vit le pays dans son corps, il l'aspire par tous les sens ; le lieu devient une part de lui-même, et ses parfums jouent en cela un rôle essentiel en synthétisant l'idée qu'on s'en fait, comme Flaubert qui, au début de son Voyage en Orient, découvre à Malte « la puanteur des épiciers grecs, que l'on retrouve partout dans le Levant, depuis Alexandrie jusqu'à Patras » (Flaubert, p.71). De là à associer l'exotisme aux parfums, et à mettre en rapport l'odeur et la vue, on a reconnu les prémisses des correspondances baudelairiennes : l'olfaction est sans doute le sens qui possède le plus grand pouvoir évocatoire et l'on n'est pas surpris que l'expérience suscite des visions qui empruntent pour beaucoup à la fiction, aux textes mythiques : En entrant dans la maison du Marocain, nous fûmes enveloppés par un nuage d'arômes orientaux : le parfum doux et pénétrant de l'eau de rose nous monta au cerveau, et nous fit penser aux mystères du harem et aux merveilles des Mille et Une Nuits. Les fils du marchand, beaux jeunes gens d'une vingtaine d'années, étaient assis sur des bancs près de la porte et respiraient la fraîcheur du soir. Ils étaient doués de cette pureté de traits, de cette limpidité du regard, de cette noblesse nonchalante, de cet 1 « L'odeur du sang est encore dans la plaine, le parfum des saintes et des belles remplit encore la montagne ». (Hugo, p.321-322)

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hal-02335467 , version 1 (29-10-2019)

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  • HAL Id : hal-02335467 , version 1

Citer

Nathalie Solomon. « odeur du sang […], parfum des saintes» : le voyage sensible au XIXe siècle. Réflexion(s), 2016. ⟨hal-02335467⟩

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