La pauvreté dans un monde opulent : le cas de Toulouse durant le premier XVIe siècle (1492-1562)
Abstract
Le premier XVIe siècle est synonyme d'âge d'or à Toulouse. C'est, en effet, le temps du pastel qui, enrichit non seulement la capitale provinciale, mais encore une grande partie du Haut Languedoc. Cette prospérité économique s'est combinée avec un dynamisme démographique (+66%), culturel, artistique et intellectuel dont des travaux récents ont montré combien on avait pu les minorer. Ainsi a-t-on revu à la hausse tous les indicateurs de rayonnement des universités, de productions intellectuelles et artistiques, d'urbanisme, etc. Par contre, la face obscure de cette période n'a pas encore bénéficié de cet aggiornamento historiographique.
Lorsqu'on la considère, on découvre un temps dominé par la récurrence des épidémies de peste (11 poussées au moins identifiées entre 1494 et 1559) et marqué par des crues dévastatrices de la Garonne (1523 et 1537). Mais, ce qui frappe le plus l'observateur de la vie toulousaine de cette époque, c'est l'importance prise par les pauvres dans la cité. Ils s'imposent, en effet, tout à la fois comme une composante importante de la population et un souci majeur pour les pouvoirs publics et, au premier chef, pour les magistrats municipaux (capitouls)-. Pour tenter de faire face à un phénomène dont l'ampleur les dépassait, ces derniers prirent un ensemble de dispositions visant tant à développer autant que possible l'assistance publique qu'à réprimer une mendicité de plus en plus criminalisée. Ce sont ces mesures qui sont considérées dans le cadre de cette étude.